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Maeva Winchesters

A 21 ans j'ai été hospitalisée en urgence et opérée pour des douleurs au ventre, si fortes que je ne pouvais plus me redresser. J'étais alors en étude de droit, j'ai loupé mes partiels durant deux années de suite à cause des douleurs. J'ai fini par abandonner car les professeurs étaient persuadés que je mentais car je n'avais aucun justificatif médical à fournir. Moi qui voulais un niveau bac+8, j'ai fini avec un +2 en 4 ans à 22 ans.
 

A mon réveil  de l’opération, la chirurgienne m'a alors annoncé que j'étais atteinte d'endométriose. Ma mère étant infirmière, elle et la chirurgienne ont pris le temps de m'expliquer les grandes lignes, du moins ce qu'elles en savaient. Honnêtement, je ne pensais pas à ce moment là que ma vie serait (et avait été) autant impactée. 

 

Suite à l'opération, tout a été mieux durant à peu près deux ans. Certes les douleurs sont revenues, mais moins fortes: mon seuil de tolérance à la douleur étant monté d'un cran. J'ai vécu avec ces douleurs durant trois ans; aucun médicament ne pouvait les calmer. J'assumais mal devant ceux qui m'entouraient : " oh oui j'ai mal mais je sais que je suis hyper sensible à la douleur, toi tu ne sentirais rien c'est sûr !". En somme, je me cachais, et pourtant je ne me rends compte de cela qu'aujourd'hui. C'est triste d'avoir peur du regard des gens à cause d'une douleur invisible. Parce que l'on est une femme, on n’a pas le droit de souffrir et on s’entend dire : " l'accouchement c'est bien pire tu sais, allez, ça va passer."

 

Après l'arrêt de mes études, j'ai décroché un CDI, trouvé l'homme de ma vie et moi qui ne voulais pas d'enfant, je me suis dit : " et pourquoi pas ?".Seulement, à 25 ans, même si je vivais avec cette maladie depuis des années, je n'avais pas pris conscience qu'elle pouvait évoluer et pourtant ce fut le cas. J'ai commencé à poser un arrêt maladie de 5 jours, puis 15, puis à aller au travail malgré tout mais pliée en deux, au final c'est ma responsable qui m'a presque supplié de me mettre en arrêt. Je n'étais même plus capable de faire mon travail correctement; moi qui étais hyper active, ça m'a réellement minée. Je me suis sentie rejetée par mes collègues qui pensaient que je faisais des simagrées. C'était l'horreur pour moi, j'ai revécu mes années fac avec des regards encore plus insistants. Je devais évoluer professionnellement, j'étais la meilleure, mais le poste m'est passé sous le nez à cause de mes absences jugées injustifiées. Trois ans de preuves et de travail ruinés par un an de difficulté. Cette situation m'a  anéantie ; j’ai pensé que je ne pourrais jamais faire quoi que ce soit qui puisse me plaire. Je ne tenais plus debout, je ne voulais même plus manger, tellement la douleur me paralysait. J'ai commencé une dépression, mais mon compagnon a réagi très vite, j'ai été prise en charge et cela n'a duré que 8 mois. On a refait des examens, avec différents médecins,  c'est à ce moment qu’ils m’ont parlé de ménopause artificielle pour la première fois. Pour mon compagnon et moi, ce fut un choc. Au moment où je me préparais mentalement à avoir un enfant, on venait me couper l'herbe sous le pied. Par la nature du traitement proposé, mais aussi parce que l'on m'a annoncé que depuis la première opération, l’endométriose s'était déplacée au niveau du ventre.

 

C'est difficile d'expliquer ce sentiment. Le plus choquant dans mon histoire, c'est qu'aucun des " spécialistes" n'a jugé bon de prendre cette maladie au sérieux. Avant ce traitement, on aurait pu me proposer beaucoup d'autres choses. La méconnaissance de l'endométriose fait que beaucoup de femmes subissent des traitements qu'elles ne devraient pas avoir, qui ne sont pas en accord avec la douleur qu'elles ressentent. 

 

J’étais prête à commencer le traitement, extrêmement lourd et dur à supporter, malheureusement on ne nous dit pas tous les symptômes secondaires qui en découlent, ce qui est grave.

Cependant, un mois avant d'accepter le traitement, je suis tombée enceinte, et naturellement en plus : notre miracle est né ce 21 janvier. 

 

Si j'ai eu cette chance que beaucoup de femmes n'ont pas, j'avoue que j'appréhende un retour en force d’ici quelques temps. Mais bon, « qui vivra verra » comme on dit. Aujourd’hui, je me rapproche de véritables spécialistes de cette maladie pour pouvoir estimer au plus juste ce que je dois faire pour éviter de souffrir en silence. Parce que même si toutes les femmes atteintes le disent, je le redirai également : c'est bel et bien l'incompréhension de ces " douleurs de règles " qui nous pousse à se renfermer et minimiser la douleur ressentie.

 

Ma chance a été d'avoir un homme en or, qui m'a soutenu dans tous mes choix, surtout quand j'étais au plus bas. 

L'endométriose est un calvaire, il est temps de la faire éclater au grand jour et de soutenir les femmes qui le vivent. Alors je vous le dit : je suis fière des gens comme vous qui s'engagent, merci.

The Science & 

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