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Florine Dubech

Réglée à l’âge de dix ans, je me suis sentie devenir femme trop jeune. Pour moi, ce n’était d’ailleurs pas possible d’avoir ses règles et de souffrir autant, aussi jeune.

 

La période de mes règles est depuis, la période que je déteste le plus dans le mois. J’envie les femmes dont les douleurs passent avec un simple médicament. C’est toujours le même calvaire : je suis pliée en deux, je vomis, je ne dors pas la nuit, je perds beaucoup de sang, j’ai des bouffées de chaleur, mal au dos, vomissements, malaises et d’autres douleurs, mes jambes ne me tiennent même plus, en clair mon mal est maître de mon corps.

 

Mon enfer a commencé début janvier 2015 ; d’abord un mal être physique avec des maux de tête, vomissements et douleurs dans les oreilles. Une première visite aux urgences, où ils ont suspecté une méningite mais négatif. Je suis repartie comme ça, deux heures après. Le lendemain, impossible de me lever, de manger et je suis restée allongée dans mon lit du matin jusqu’au soir.

Puis tout s’est enchaîné, de nombreuses visites aux urgences, des hospitalisations, des examens qui ne donnaient rien, des médecins incapables de poser un diagnostic, des médicaments à fond. A partir de ce moment-là, la spirale a commencé : l’isolement, les questions sans réponses, l’incompréhension, les critiques et les douleurs sont apparus. Et puis, j’étais shootée grâce à des tonnes de médicaments et mise sous antidépresseurs. En plus de tout ça, je devais suivre mes études, cette année je passais mon bac, très difficile puisque je n’avais fait que les deux premiers mois de mon année et je me sentais coupable.

 

Un jour de mars, en plus de mes maux, j’ai éprouvé une douleur abdominale du côté droit, mais avec la fièvre mon médecin traitant pensait à une infection de rein, alors rebelote aux urgences et là, une échographie révèle un kyste de quatre centimètres. Ces jours-là m’ont paru interminables, l’hôpital était devenu mon foyer.

 

Puis, suite à de nombreuses visites chez différents médecins, neurologue, psychologue, gynécologue, et autres, je rencontre mon sauveur, qui lui, m’opère d’une cœlioscopie. Après l’opération, on m’annonce que j’avais trois kystes hémorragiques, qu’il a « coupé » un bout de mon ovaire droit, mais qu’il a tout nettoyé. Et là, commence le début de la maladie, je me doutais que j’étais atteinte d’endométriose car je m’étais renseignée sur des forums. C’est comme si, la maladie m’appelait. Enfin, le diagnostic fut posé ; d’abord un soulagement, mais le début d’un long combat. J’ai été de nouveau hospitalisée, mise sous ménopause artificielle qui a tué mon corps, puis sous pilule ce qui n’a aboutit à rien et ensuite sous traitement.

 

L’abandon des amis se faisait sentir : «  Chochotte, tu simules, de toute façon tu n’auras pas ton bac, tout ce que tu veux, c’est qu’on te plaigne », ça détruit, et pour en rajouter une couche, les médecins qui disaient «  c’est normal d’avoir mal, mademoiselle, ce ne sont que vos règles, je vais vous mettre sous pilule puis vous allez guérir, c’est dans votre tête, vous êtes folle, vos douleurs c’est vous qui les imaginez ».

 

Des douleurs sur douleurs, des nausées, des médocs qui shootent le corps et la tête, des critiques qui fusent.  L’endométriose m’a également  « donné » une fibromyalgie : maladie incurable qui atteint les nerfs, muscles et qui est invalidante au quotidien.

 

Je suis arrivée à un point où je n’en pouvais plus. Mais je me suis battue, relevée, malgré que cela soit dur à dix-sept ans de vivre ainsi. Il faut savoir que l’endométriose prive de beaucoup chez une femme, de son corps tout d’abord, de la grossesse, ensuite les rapports sexuels dans le couple, puis les sorties, les amis, le travail, le sport, une passion.

 

Je n’ai pas eu mon bac, car le jour de l’épreuve la plus importante, j’ai fait une crise, encore, j’étais pliée en deux, impossible de me lever, et j’ai vomi du sang. On s’est moqué de moi, ET ça m’a fait terriblement mal. Je l’ai rattrapé en septembre avec l’aide de mes professeurs et je l’ai eu, avec un an d’absence, une vraie fierté.

 

Je me relève un peu plus chaque jour, en ayant des buts dans la vie. Je mets ma vie de jeune de côté à cause de cette maladie, à cause des douleurs qui sont là tous les jours, mais je suis encore en vie. Je suis atteinte d’un cancer qui ne tue pas. Je me demande bien s’il y aura une fin mais je me bats malgré toutes les épreuves.

 

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